Ne distingues-tu pas l'appel,
Ce cri venant de l'ombre,
Ne serait-ce pas le même
Que celui provenant de la tombe?
Ne vois-tu pas dans le brouillard
Qui depuis longtemps a envahi ton corps
S'avancer une forme bizarre
T'éblouissant de sa chaîne d'or?
N'espérais-tu pas cet instant
Lorsque durant tes nuits tragiques
Tu rêvais à tout moment
D'une délivrance magique?
Dans ton visage amaigri par le temps
Me frappaient surtout tes yeux gris
Encore doux et caressants
Ayant le don de percer l'infini.
Ta barbe grise également
A force des années
Semblait avoir cent ans.
Que de fois j'ai aimé l'effleurer!
Maintenant, je devine ton regard
Lorsque d'un air affectueux
Tu me dis : « il est si tard »
Mais je ne détourne pas les yeux.
Un jour, comme toi,j'entendrai cet appel
Venant m'ôter la vie;
Eh oui, ce sera bien le même
Que dans ton ultime nuit.
Un jour, je verrai, dans les ténèbres
Qui auront recouvert mon corps,
Ce voile immense qui s'élève
Et je saurai que c'est la mort.