Elle aurait voulu suivre le chemin
Les escarpements, les ornières
Tracer ses pas aux moindres recoins
Etre parcours aux sentiers éternels.
La lenteur de son corps à se mouvoir
L'obligeait à une certaine cadence
Et, dans la force du désespoir,
Elle scandait l'horrible souffrance.
Si la jeunesse pouvait revenir
Le fruit de la vie sans pépins,
Simplement la pulpe du désir,
N'être qu'émois au corps divin.
Elle flatta la lune du bout des cils
L'aguichant en demi-sourire
Se rappelant qu'elle fut jeune fille
Les lèvres rouges, généreuses.
Les seins regorgeant de vie
Le port altier, le cou gracile
La croupe belle, rebondie,
Son intimité en calice.
Les années étaient passées irréversibles
Creusant de sillons son visage
Désarmant son corps au possible
Avec une déloyauté sauvage.
Que restait-il de ces beaux jours?
Quelques photos défraîchies, jaunies
Les êtres chers disparus alentour
Son cœur usé à l'infini.
La lune ne lui rendit pas sourire
Parce qu'elle n'est pas ce que l'on croit
Pleine, à demi offerte, peu importe
Une gourgandine sans foi ni loi.
Et le soleil? Où était-il passé?
Lui qui avait si brillamment
Fait étinceler ses journées.
Il s'en était allé subrepticement.
Elle s'appuya au creux d'un chêne
Respira bruyamment, souffle coupé
Les images défilant sur sa peine
Le regard de larmes noyé.
Puis, elle hoqueta, fut transpercée
Par une sorte d'éclair venu du ciel,
Une fulgurance en un grand trait
L'aile d'un oiseau à son vermeil.
Les nuages changèrent de direction
Il devait déjà être petit matin
Quand elle s'endormit sans ostentation
Les mains au ventre posées, l‘air serein.